A2

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Amour et Anarchie

Je me souviens d’un soir de manifestation parisienne. En levant les yeux, je tombai sur l’un de ces cœurs rouges entremêlés au A anarchiste, collé à quelques mètres du sol, au-dessus de la foule, de la fumée et des cris. Un symbole qui m’était, plus ou moins inconsciemment devenu familier, à force de courir les rues de Paris. Un A❤️, qui semblait ce jour-là tout particulièrement à sa place.

A2, son auteur, figure incontournable du street art parisien, a accepté de répondre à nos questions.

Plongée dans l’univers d’un street artist engagé, qui a su créer un symbole faisant désormais pleinement partie du paysage parisien.

Du tag au street art

Pour A2, ce symbole est bien plus qu’un dessin, c’est le fil rouge de son existence, un emblème personnel : « C’est le symbole qui représente ma vie, que j’ai créé depuis très longtemps. J’aime sa raison d’être aujourd’hui. »

Derrière ce symbole, il y a l’évolution d’un artiste passé du tag au street art à la fois poétique et politique que nous lui connaissons aujourd’hui.

« Entre le tag de l’enfance et les collages street art initiés autour de 2010 il y a eu du chemin. Le tout premier vrai collage est près de radio libertaire dans Paris. Il y est encore. »

Derrière ces A❤️, il y a un travail, une méthode. Une création solitaire, des séances à l’atelier, du repérage et des nuits de collage à l’échelle. « 90% des emplacements sont planifiés. »

Louise Michel, Barbanar, les autres visages de l’art d’A2

Les A❤️ ne sont pas seuls. A2 dissémine dans Paris d’autres symboles, à commencer par Louise Michel, héroïne anarchiste et figure historique à laquelle il est particulièrement attaché. Ou encore Barnabar, qui est « Un hasard de coupe. Une chute de bois m’a fait penser à lui et depuis je le reproduis énormément. » 

En terme d'inspiration « Banksy depuis le début. Invader pour son abnégation. Tous les graffeurs pour leur talent. ».

Militant, poétique et humain

Quand on lui demande si son geste est militant, poétique ou politique, A2 répond sans détour : « C’est avant tout militant, mais je n’occulte pas les raisons personnelles et même psychologiques. C’est comme le tatouage ou une drogue, l’adrénaline du vandalisme. ». Graffer, coller, c’est aussi rechercher le risque et les sensations qu’il procure.

Par choix, tant pratique qu’idéologique, A2 reste et compte bien rester un artiste anonyme. « L'anonymat est plus pratique pour tout et je déteste le narcissisme du street art.  »

Paris, ville de cœur

A2 et Paris son indissociables, c’est son terrain de jeu : « C’est ma ville, j’y vis encore et je ne me vois nulle part ailleurs. ». Sur la scène artistique parisienne, il constate un paysage contrasté : « Je trouve qu’il y a trop de copieurs dans le street art, c’est devenu pathétique. Pour les graffitis ou le tag c’est en revanche l’inverse, ça manque beaucoup dans les rues, Marseille a beaucoup de chance par rapport à Paname. »

Pourquoi ces cœurs sont-ils souvent placés en hauteur, à quelques mètres du sol ?

« Pour plus de visibilité, et par amusement bien entendu. » Ces collages qui fleurissent sur les murs parisiens ne quittent jamais la rue : « Je préfère venir aux gens plutôt que de les convier dans un endroit clos et payant. ».

L’amour et l’anarchie comme ultime message

Son mot de la fin ? « Amour et Anarchie, bien entendu, que les gens prennent conscience que l’anarchie est la solution. » C’est pour faire passer ce message qu’A2 continue de poser des cœurs rouges sur les murs gris, offerts gratuitement au regard des passants.

Article signé : Charlotte Lemaitre

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